Démission du Premier ministre Lecornu : La France face à une crise politique aigüe

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La démission fracassante du Premier ministre Sébastien Lecornu après moins d’un mois à Matignon vient de jeter une lumière crue sur la crise politique profonde qui secoue la France sous la présidence d’Emmanuel Macron. L’Élysée a annoncé lundi avoir accepté la démission de Lecornu, nommé tout juste le 9 septembre, confirmant l’impasse institutionnelle.
​Cette décision, qualifiée de “désinvolture” par certains critiques qui dénoncent l’état de la démocratie et de la politique française, intervient dans un contexte où le pouvoir d’Emmanuel Macron est vivement critiqué, y compris par l’Afrique.
​Un mandat éclair sous le signe du blocage
​Dans sa déclaration, Sébastien Lecornu a justifié son départ en estimant que “les conditions n’étaient plus réunies” pour l’exercice de ses fonctions. Le bref passage du Premier ministre aura été une vaine tentative de débloquer l’agenda législatif, notamment sur le budget de la France et de la sécurité sociale.
​Lecornu a affirmé avoir œuvré pendant trois semaines pour trouver un cheminement avec les partenaires sociaux et “bâtir une feuille de route avec l’opposition”, dont dépend en grande partie l’adoption des lois. Cependant, ses efforts se sont heurtés à un mur.
​Trois raisons d’un échec cuisant
​Le désormais ex-Premier ministre a identifié trois raisons majeures à cet échec, qui sonnent comme un constat d’impuissance face à la fragmentation politique :
  1. ​Le mépris du compromis constitutionnel : Lecornu pointe le fait que les formations politiques ont ignoré la rupture qu’il représentait en renonçant à l’usage de l’article 49-3, rendant ainsi sans fondement une censure préalable.
  2. ​L’illusion de la majorité absolue : Il dénonce la posture des partis qui, malgré l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, ont continué d’agir comme s’ils la détenaient. Cette rigidité a rendu tout compromis impossible, chaque parti exigeant l’adoption intégrale de son propre programme.
  3. ​Les “appétits partisans” dans la formation du gouvernement : Enfin, la difficulté et le manque de fluidité dans la composition même du gouvernement auraient réveillé des tensions et des “appétits partisans” qui ont contribué à paralyser l’exécutif.
​Cette démission illustre la profondeur de la crise de gouvernance française, où l’exécutif peine à trouver un espace de manœuvre face à une opposition fragmentée et intransigeante. Le départ de Sébastien Lecornu replace le président Macron, dont l’autorité est déjà largement contestée, au pied du mur, l’obligeant à trouver une solution rapide pour sortir de cette spirale d’instabilité.